Trump : un bilan international désastreux, sauf pour Israël…

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Les Américains ont voté, le verdict sorti des urnes est sans appel (mis à part les recours sans fondement de Trump), Joe Biden est déclaré élu et il sera le prochain président des Etats-Unis d’Amérique. Donald Trump finira par accepter le résultat, pliera bagages et partira de la Maison Blanche au plus tard le 20 janvier 2021.

Que laissera-t-il derrière lui ? Quel bilan, au niveau international, retiendra-t-on, de ses quatre ans passés à la Maison Blanche ?

Si l’on excepte les dirigeants israéliens, qui d’autre regrettera la défaite du Président Américain ? Le tour sera vite fait : l’allié britannique Boris Johnson, le fantasque brésilien Jaïr Bolsonaro et quelques dirigeants arabes du Golfe… C’est un bien maigre bilan même si on peut y ajouter Poutine qui a bien profité de la faiblesse de Trump.

En fait, seuls les dirigeants israéliens ont pu vraiment bénéficier de la politique de Trump. Et encore, tout dépendra de la suite et de la capacité ou de la volonté de Biden de « détricoter » les largesses accordées par le Président Américain à Israël. Concernant le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, Biden a déjà indiqué qu’il ne reviendrait pas sur cette décision. Pour ce qui est de la reconnaissance de l’annexion du Golan, pour le Président américain élu, elle est nulle et non avenue. Concernant le règlement du conflit israélo-palestinien, on peut être sûr que le plan du siècle de Trump est mort-né et avec lui les désirs d’annexion unilatérale de pans de la Judée-Samarie. De même, les palestiniens vont voir le dialogue avec les Etats-Unis se rétablir, ainsi que les financements de l’UNWRA.

Le retour des Etats-Unis au sein de l’accord de Genève va être très compliqué et renégocié et ici c’est l’incertitude qui règne.  

De même, la normalisation entre Israël et certains pays arabes va subir un coup d’arrêt dans un premier temps, du fait de la mise en place de la nouvelle Administration Américaine qui n’exercera pas autant de pressions sur les dirigeants arabes.

Reste les ventes d’armes américaines. Trump a dépassé allègrement les lignes rouges tracées précédemment. D’abord du côté arabe en acceptant la vente des fameux avions F-35, qui devaient être uniquement réservés à Israël puis, du côté israélien en acceptant un rééquilibrage qui pourrait voir l’Etat hébreu être gratifié de nouveaux avions F-35, des fameux chasseurs F-22 Raptor interdits à la vente à l’étranger, des hélicoptères longs courriers et gros porteurs V-22 et les bombes anti-bunker. La question est de savoir si Biden confirmera ces futures ventes.

Paradoxalement, c’est un retour des Etats-Unis au sein de l’accord de Genève qui pourrait par contre accélérer le processus de normalisation entre Israël et certains pays du Golfe qui se sentiraient lâchés par les Etats-Unis et verraient alors Israël comme la puissance régionale capable de sauver la situation.

Pour le reste du monde, la défaite de Trump est synonyme de soulagement général. Personne ou presque, parmi les grands ou petits dirigeants de la planète n’a apprécié la politique du Président sortant, son comportement, sa désinvolture, ses sanctions comme arme de négociation. Et pour quel résultat tout cela ? Rien, le néant.

La Corée du Nord n’a pas bougé d’un iota et a même progressé dans ses desseins atomiques. Idem pour l’Iran. La Chine a résisté aux sanctions américaines et il n’y a toujours pas d’accord entre les deux grands. Poutine n’en a fait qu’à sa tête sans craindre le moins du monde une réaction américaine. Trump a « plombé », dès son investiture, l’accord mondial sur le climat et n’a rien proposé d’autre en contrepartie. Faut-il continuer la liste ? Pas vraiment. La seule chose qu’a amélioré Trump en quatre ans dans ce monde, c’est son swing au golf.

La défaite de Donald Trump laisse un goût d’inachevé. Il a bouleversé les standards des relations internationales, s’est longtemps cherché sur son rôle de Président des Etats-Unis, avant de commencer, vers la fin de son mandant à prendre une certaine dimension, à entrer dans le costume, comme on dit. Sa gestion de la crise du Covid a balayé tout cela et lui a sans doute coûté un second mandat au cours duquel il aurait peut-être pu achever ce qu’il avait entrepris et obtenir de meilleurs résultats. Maintenant, personne ne le saura.

La moitié des électeurs américains l’ont suivi lors de ces dernières élections et ce n’est pas rien. C’est sa seule raison d’espérer pour le futur, s’il est sérieux dans sa volonté de se représenter dans quatre ans. Sinon, il se doit de garder la main sur le Parti républicain et de promouvoir une nouvelle élite comme par exemple son gendre Jared Kuchner. Les Etats-Unis ont besoin de dirigeants plus jeunes, pour ne plus revoir un duel entre septuagénaires poussifs lors des prochaines élections.

Pour nous, en Israël, sans se soucier des réactions dans le monde, nous pouvons lui dire chapeau Mister Trump, d’avoir bouleversé les principes mondiaux faussement établis contre Israël, que ce soit à Jérusalem, à l’ONU, à l’UNESCO ou dans les pays arabes du Golfe. Et c’est déjà énorme…

Claude LEVY