C’est le 20 janvier prochain que Joe Biden prêtera serment et prendra ses fonctions à la Maison Blanche en tant que 46ème Président des Etats-Unis d’Amérique. Il succèdera à Donald Trump, qui aura été, l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, Président dans l’histoire des relations avec Israël. C’est donc avec une certaine appréhension que les dirigeants israéliens voient revenir le Démocrate Joe Biden, ancien Vice-Président d’Obama, à la tête du pays le plus puissant du monde.
Si l’on voulait être un peu simpliste on pourrait dire que « la récréation se termine » pour Israël, dans le sens où, avec Trump, Israël avait retrouvé un allié sûr, sans complexe et lui laissant une large liberté d’action. Donald Trump, a bouleversé la Diplomatie mondiale, avec ses méthodes de bulldozer, mais aussi en imposant ses vérités évidentes qui auraient dû et devraient être encore aujourd’hui, partagées par beaucoup de Démocraties occidentales.
Il a été le défenseur absolu d’Israël à l’ONU, avec la même opiniâtreté que la Chine ou la Russie qui défendent becs et ongles leurs alliés. Il a été celui qui a bousculé les habitudes désuètes de cette Diplomatie mondiale ancrée sur des positions du passé, complètement déconnectées de la réalité, comme la reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale de l’Etat d’Israël, a dénoncé le grand bluff de l’UNWRA qui reçoit des budgets disproportionnés de la part de l’ONU, celui qui a quitté un accord perdant-perdant avec l’Iran et a réussi des percées inespérées dans les relations entre Israël et les pays arabes. Qui a fait mieux pour Israël ? Personne, assurément.
Alors on comprend, au vu de ce que l’on sait du programme de Biden, qu’Israël soit inquiet. La frénésie de décisions importantes prises dans les trois derniers mois de présidence de Trump, s’explique autant par le fait d’imposer à Biden des situations sur lesquelles il pourra difficilement revenir, que par le renforcement de la situation sécuritaire d’Israël dans la région.
Ainsi, la préservation de l’avantage militaire qualitatif de Tsahal amènera les Etats-Unis à livrer des armements à Tsahal, que les précédentes Administrations Américaines lui avaient refusés. D’autres contrats essentiels pourraient d’ailleurs être signés avant le départ de Trump, comme l’achat d’une escadrille de F-35 supplémentaire, qui seront peut-être autant de moyens de pression que Biden ne pourra pas utiliser contre Israël.
La normalisation entre Israël et les pays arabes est en route et rien aujourd’hui ne pourra l’arrêter tant elle apparaîtra comme une évidence à tous. La solution au problème palestinien va dépendre d’abord et avant tout, des dirigeants palestiniens eux-mêmes. La cause palestinienne, du fait même de ses dirigeants, est entrainée dans une spirale de l’oubli et de l’abandon. Même Biden ne semble pas pressé de s’en occuper.
Le principal problème de la région reste et restera l’Iran. Que va faire ou que pourra faire Biden sur ce dossier ? Négocier un nouvel accord, l’Iran n’y pense même pas. Revenir au même accord, l’Iran voudra des compensations et des aménagements à ce même accord. Le statu quo serait un renoncement et la porte ouverte à une Corée du Nord nouvelle version au Moyen-Orient, c’est-à-dire un Etat à capacité nucléaire impossible à déloger.
Reste l’épreuve de force et la destruction des capacités nucléaires de l’Iran. Même cela sera difficile à mettre en œuvre, maintenant que Téhéran a signé un accord stratégique de longue durée avec la Chine.
On voit donc que les problèmes qui attendent Biden, et par conséquent Israël, ne sont pas simples.
Dans ce dossier iranien, on en est revenu à la case, « avant accord de Genève », avec l’Iran qui se sent libre de faire ce que bon lui semble et des pays Occidentaux qui ne veulent qu’une seule chose : se voiler la face et garder leur petite tranquillité à l’abri d’un accord de dupes qu’ils veulent remettre en œuvre.
C’est là le seul reproche que l’on pourra faire à Donald Trump dans son soutien à Israël : Ne pas avoir démontré à la face du monde que l’Iran est un tigre en papier, ce qu’une attaque d’ampleur contre les sites nucléaires de ce pays aurait démontré.
Car les ayatollahs n’auraient pas risqué de perdre le pouvoir en répliquant autrement que par l’intermédiaire du Hezbollah et du Hamas.
Mais maintenant, il ne faut pas attendre de Biden, ou d’un autre d’ailleurs, qu’il prenne une telle initiative. Sur ce dossier, Israël va de nouveau se retrouver seul en première ligne dès le 20 janvier prochain.
Il n’y a donc rien de réjouissant en perspective, avec l’arrivée de Biden à la Maison Blanche et il ne reste que quinze jours aux dirigeants israéliens pour espérer encore tirer quelques profits de la part de leur Ami Trump….
Claude LEVY