Joe Biden va s’installer le 20 janvier prochain à la Maison Blanche et va devoir reprendre un à un les dossiers de politique intérieure ou extérieure pour les remettre à plat et repartir sur d’autres bases, tant ses désaccords, dans tous les domaines, sont profonds avec son prédécesseur.
En politique internationale, l’un des dossiers les plus épineux se trouve être l’Iran et ses velléités de se doter finalement de l’arme nucléaire.
La situation est aujourd’hui tellement compliquée qu’il n’est plus possible de la régler par un simple retour en arrière, c’est-à-dire une réintégration des Etats-Unis au sein de l’accord de Genève.
Le retrait de l’accord décidé par Trump et les dures sanctions imposées au régime islamique de Téhéran n’ont pas suffit à modifier la situation.
A l’arrivée de Trump à la Maison Blanche, toutes les parties liées par l’accord se contentaient d’une situation médiocre et très favorable à l’Iran. En surface, l’Iran respectait scrupuleusement l’accord, tandis que sous terre, à l’abri des visites des inspecteurs de l’AIEA, les recherches concernant l’enrichissement de l’uranium, la conception de centrifugeuses plus performantes, le développement de missiles balistiques et d’ogives nucléaires se poursuivaient, puisqu’ils n’étaient pas interdits par l’accord.
Les partenaires à l’accord s’étaient achetés quelques années de tranquillité, parce que l’Iran n’avait pas le droit, jusqu’en 2025 de fabriquer la bombe, alors que rien dans l’accord ne lui interdisait de se préparer à fabriquer la bombe…
Le retrait américain a mis en évidence cette tromperie, puisqu’on a pu constater avec quelle facilité le pouvoir iranien avait repris sa marche en avant dans tous les domaines utiles à la fabrication de l’arme nucléaire.
Ajouter à cela l’influence néfaste de l’Iran au Moyen-Orient et il ne reste plus qu’à constater que cet accord est un fiasco total révélé en 2020, grâce au retrait de Trump, bien avant la date prévue de 2025.
Pire encore, les iraniens ont, selon eux triomphé de Trump, et ils sont décidés à faire payer à Joe Biden la note de frais. Contrairement à la volonté de ce dernier, ainsi que des pays européens, l’Iran n’est pas décidé à accepter de revenir à l’accord signé, mais veut négocier le retour des Etats-Unis en imposant de nouvelles conditions.
C’est bien pour cela que Khameini fait monter la pression en installant des milliers de centrifugeuses ultra-modernes et en augmentant le taux d’enrichissement de l’uranium à 20%.
Que reste-t-il comme choix à Biden et aux Occidentaux ? Un retour sans concession de la part de l’Iran à l’accord initial, pour restaurer leur fausse tranquillité en pensant avoir écarté le danger nucléaire iranien ou engager une action de déstabilisation du pouvoir iranien pour le faire tomber et empêcher la course folle vers la bombe, avec un risque certain de confrontation militaire.
Soyons clair, seuls les Etats-Unis ont les moyens de vaincre le régime iranien en cas de guerre. Israël peut énormément aider, les européens enverront peut-être quelques avions et les pays du Golfe se contenteront d’ouvrir leurs cieux aux aviations alliées, avec peut-être quelques raids ponctuels.
L’Europe n’a plus rien à proposer, elle ne peut que suivre une éventuelle décision américaine avec des moyens très réduits.
L’Iran ne lâchera rien et continuera, « quoi qu’il en coûte » la même politique, comptant tout d’abord sur le fait que les américains n’oseront pas se lancer dans une action militaire d’envergure.
Là où il faudrait faire preuve de détermination et d’extrême fermeté face à l’Iran, on ne trouve hélas que renoncement et faiblesse.
C’est pourquoi, il n’y a guère aujourd’hui d’alternative. Au pire, il n’y aura pas de retour à l’accord de Genève et aucun autre accord ne sera négocié. C’est vers cela que se dirige l’Iran en pointant du doigt la responsabilité des Etats-Unis et des pays occidentaux.
Comme l’avenir se dessine aujourd’hui, Israël frappera de plus en plus fort en Syrie et en Irak et finira, si personne ne bouge, par s’en prendre directement à l’Iran pour l’empêcher d’atteindre le point de non-retour et devenir le sosie moyen oriental de la Corée du Nord.
Parce que pour Israël, c’est une question de survie, alors que pour l’Europe et les Etats-Unis, c’est une question de tranquillité.
Claude LEVY