Alléluia, Biden s’est enfin décidé à appeler Netanyahou qui piaffait d’impatience, surtout en raison des élections. Mais il a dû bien vite déchanter en s’apercevant qu’il ne pourrait tirer nul profit de l’appel du Président américain. Par contre, à l’issue de l’entretien téléphonique, Netanyahou n’avait plus aucun doute au sujet de son ami Biden. On était bien revenu quelques années en arrière, au grand dam du Premier Ministre israélien, au temps où il devait affronter, jour après jour, les délires politiques d’un Président Obama qui n’a jamais rien compris à la situation du Moyen-Orient.
Eh oui, le vice-Président Biden de l’époque a certainement bu les paroles et les actes de son Président pendant huit ans, au point, après quatre années d’ouragan Trump, de revenir à une politique identique, pratiquement du copier-coller, avec presque les mêmes acteurs.
Au vu des premières décisions du Président américain, on peut comprendre facilement que pour le Moyen-Orient au moins, il n’y aura pas de politique nouvelle portant la marque Biden, mais un simple remake à la sauce Obama. Et quand on sait quelques années après la signature de l’accord sur le nucléaire iranien où en était l’Iran en 2015 et où en est aujourd’hui la République islamique des ayatollahs, il y a vraiment de quoi s’inquiéter.
Déjà à l’époque, Obama n’avait rien compris à la situation. On aurait pu espérer que Biden ait mieux compris le bourbier dans lequel l’Iran entraîne tout le Moyen-Orient et apporte quelques inflexions à la vision politique définie par son ancien patron.
Que voit-on aujourd’hui ? Le Président américain a affiché son intention de revenir dans l’accord de Genève avec certaines modifications qui, même si elles étaient acceptées par l’Iran ne changeraient rien du tout au problème. L’Iran, avec ou sans accord, s’est continuellement efforcé de développer ses capacités technologiques nucléaires, tout en affirmant ne pas vouloir la bombe.
Face à cette détermination iranienne, Joe Biden affiche un profil bas et lâche du lest en espérant pouvoir amadouer les ayatollahs en les ramenant à la table des négociations.
De plus, les pays occidentaux signataires de l’accord de Genève, avancent en ordre dispersé face à Téhéran, chacun y allant de sa petite proposition.
L’Iran, de son côté, applique toujours la même politique de fermeté, comme si ce pays était en position de force et pouvait imposer à tous sa volonté.
Cette position est logique lorsque l’on voit que Joe Biden a retiré le porte-avions Nimitz des eaux du Golfe Persique, qu’il ne réplique pas aux attaques contre l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad organisées par les supplétifs iraniens, qu’il supprime sans contreparties certaines sanctions américaines contre l’Iran et quémande, avec l’aide des pays européens, une éventuelle ouverture de négociations.
Et comme si cela ne suffisait pas, Biden et ses alliés, ne tiennent pas compte de l’évolution de la situation en Iran et dans la région. Les iraniens, non sans humour, ne se cachent même plus dans leur course effrénée vers la bombe, justifiant cette nouvelle politique sur le compte d’une réplique à la sortie des Etats-Unis de l’accord, alors qu’ils poursuivent leur déstabilisation de pays entiers pour accroître leur influence.
En résumé, au vu de la frilosité des occidentaux dans cette affaire iranienne, Israël va se sentir de plus en plus isolé, voire abandonné. Mais là, les occidentaux font une seconde erreur d’appréciation car l’Etat d’Israël de l’année 2015 n’est pas celui de 2021.
Depuis la signature de l’accord, Israël a affronté directement les iraniens, en leur portant des coups sévères, notamment en Syrie, sans que l’Iran n’ose répliquer directement face à ses attaques.
De plus sur le plan régional, Israël est devenu une puissance leader, à laquelle de nombreux pays veulent se raccrocher pour répondre à la faiblesse des pays occidentaux. Ainsi, les accords d’Abraham ont officialisé des relations qui existaient déjà avec des pays du Golfe. De même, en Méditerranée orientale, Israël construit une alliance avec la Grèce, Chypre et l’Egypte, pour contrer les efforts néfastes d’Erdogan, alors que l’OTAN n’est pas capable de le remettre à sa place.
Si l’on voulait résumer la situation, on pourrait dire qu’Israël est en passe de suppléer les absences européennes et américaines dans la région. Et si ces derniers, par leurs erreurs répétées, poussent Israël et les pays du Golfe dans leurs derniers retranchements, ils seront obligés de se défendre seuls. Même si cela ne suffira peut-être pas à écarter complètement la menace iranienne, cela permettra de retarder de façon significative cette menace.
C’est sans doute ce qu’a pensé le Premier Ministre israélien à la suite de l’appel téléphonique de son ami Biden.
Les Etats-Unis ont d’autres chats à fouetter, c’est difficile à comprendre, mais il est fini le temps ou tout dépendait du bon vouloir de l’oncle Sam.
Demandez à la Corée du Nord et à l’Iran : ces pays l’ont compris depuis longtemps…
Quant à Netanyahou, il a compris qu’un coup de fil, fût-il de Joe Biden, ne fait pas le printemps…
Claude LEVY