Le Capitole assiégé par les partisans de Trump
La nuit dernière, c’est-à-dire dans l’après-midi aux Etats-Unis, l’impensable s’est produit à Washington. Alors que se déroulait au Capitole, la séance destinée à certifier les résultats de l’élection présidentielle, Le Président sortant et battu a littéralement lancé ses partisans venus manifester devant la Maison Blanche, vers le siège symbole et garant de la Démocratie Américaine.
Des milliers de manifestants pro-Trump se sont rués vers le Capitole et n’ont pu être arrêtés par les services de sécurité. Ils ont alors envahi le siège des parlementaires américains obligeant les parlementaires à interrompre leur réunion et à se réfugier dans une partie de l’immeuble protégée par les services de sécurité.
Quatre personnes ont trouvé la mort, dont l’une touchée par un tir de la police. Donald Trump a longtemps laissé faire les manifestants et c’est à la suite d’une première intervention de Joe Biden qualifiant la situation de « coup d’état » que le Président en place a daigné, du bout des lèvres, demander à ses partisans de rentrer à la maison.
C’est le Vice-Président Mike Pence qui est intervenu pour demander personnellement l’arrivée de renforts de policiers ou de la Garde Nationale, qui ne se déployaient pas malgré plusieurs demandes du maire de Washington et d’autres hauts dignitaires américains.
Finalement, les manifestants ont été évacués et la séance de certification des résultats de la présidentielle a pu reprendre.
Les réactions internationales ont été nombreuses et parmi les premières et les plus virulentes, celles de François Hollande, Emmanuel Macron et Boris Johnson.
Pendant que se déroulait ce drame, de mauvaises nouvelles pour le parti Républicain arrivaient de Géorgie où les démocrates obtenaient deux nouveaux sièges de sénateur aux élections et pouvaient ainsi compter pour deux ans sur une majorité au Sénat, ce qui facilitera grandement la tâche de Joe Biden.
Des voix commencent maintenant à s’élever parmi les Républicains pour demander à ce que le Président Trump soit écarté du pouvoir au profit du vice-Président, jusqu’à la passation de pouvoir du 20 janvier prochain.
Finalement, la victoire de Joe Biden a été validée par le Congrès américain et Donald Trump a publié un communiqué dans lequel il promet une « transition ordonnée », non sans avoir dit que c’était « la fin du plus grand premier mandat présidentiel de l’histoire »… et qu’il était « en total désaccord avec le résultat de l’élection ».
C’est une journée qui fera date dans l’histoire d’une des plus vieilles démocraties du monde. La démocratie américaine a été bafouée, voire menacée, même si elle n’a apparemment réellement jamais été en danger.
Mais comment qualifier l’attitude d’un Président qui représente la Nation toute entière et qui, à la veille de transmettre le pouvoir à son successeur, lance ses partisans à l’assaut du siège du pouvoir législatif américain, au moment où le Congrès doit déclarer son successeur officiellement élu ?
Certains ont qualifié cela de « pratiques de républiques bananières, d’autres de coup d’état.
Je n’irai pas jusque-là, car les Institutions américaines sont solides et un coup d’état demande la mobilisation de moyens autrement plus importants qu’une manifestation. Mais c’est un véritable coup de force, une tentative d’intimidation mal préparée et désespérée qu’a tenté Trump face au Congrès. Et cela n’est pas digne du plus haut représentant d’une des plus grandes démocraties du monde.
Espérons que ce sera le dernier coup d’éclat d’un Président narcissique, ubuesque, asocial, imprévisible et loufoque, qui n’a jamais su tenir son rang et a toujours voulu que la fonction s’adapte à l’homme et non le contraire.
Cela amènera sans doute à se poser des questions sur la voie que proposent les dirigeants populistes dans différents pays, ces politicards qui caressent toujours la population dans le sens du poils et ont toujours des solutions simplistes mais inadaptées pour soi-disant régler chaque problème.
Trump, élu par surprise à un poste qu’il n’osait espérer, a fini par croire que sa fonction devait lui revenir à vie, et que voter pour un autre était un crime de lèse-majesté.
Sa plus grande punition pour cet apprenti sorcier de la lutte antidémocratique, sera de le laisser sombrer dans l’anonymat le plus complet afin qu’il puisse ainsi consacrer tout son temps libre à sa grande passion, je veux parler du golf, bien sûr…
Le Congrès et tous ses parlementaires ont su tenir le coup face à ces débordements inexcusables et c’est aujourd’hui la principale satisfaction que doivent ressentir les américains et les défenseurs de la Démocratie dans le monde.
Toutefois, les vieilles Démocraties (comprenez anciennes), notamment européennes, ont dû ressentir cette nuit le vent du boulet siffler à leurs oreilles et ne doivent pas se sentir à l’abri d’une éventuelle aventure populiste. A leurs dirigeants d’en apprécier le danger et à se préparer à toutes éventualités.