C’est à la suite d’un recours en suspicion légitime, présenté par deux députés du mouvement Amal, Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, mis en accusation par le juge d’instruction, que la Cour de cassation a décidé d’écarter le juge Sawan. Rappelons que le mouvement Amal est l’allié du Hezbollah au niveau national.
A la suite de cette décision, un autre juge d’instruction devra être nommé pour reprendre l’enquête qui était interrompu depuis deux mois déjà dans l’attente de la décision de la Cour de Cassation.
Cette décision a été principalement motivée par le fait que le juge Sawan avait indiqué qu’il ne reculerait devant aucune immunité, ni devant aucune ligne rouge. Il répondait par là au fait que les responsables mis en cause par la justice avaient brandi pour leur défense leur immunité parlementaire ou ministérielle et n’avaient pas répondu aux convocations du juge d’instruction. La cour de cassation a donc estimé que le juge ne se conformait pas à la loi en vigueur.
Sur un autre point la Cour a également estimé que le juge Sawan, qui occupe actuellement un appartement dont sa femme est propriétaire, qui a été endommagé par l’explosion du 4 août, que le juge devait être considéré comme une victime directe de l’explosion et que cela remettait donc en cause son objectivité dans cette affaire…
C’est en fait toute l’instruction menée jusqu’ici par le juge Sawan qui est maintenant remise en cause, aussi bien les arrestations, comme celle du directeur du port de Beyrouth, que les actes d’accusation à l’égard de diverses personnalités politiques.
En fait, les citoyens libanais, encore meurtris dans leur chair crient à la parodie de justice et sont décidés à organiser des manifestations pour dénoncer cette décision et demander l’ouverture d’une enquête internationale sur les explosions du port de Beyrouth…