La guerre du Golfe : trente ans déjà…. (1ère partie)

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Janvier 1991, une coalition de 35 pays menée par les américains s’oppose au dictateur irakien Saddam Hussein qui a envahi le Koweit et commence à exploiter ses ressources pétrolières. Ce dernier a averti la coalition qu’il s’en prendrait, à l’aide de ses missiles SCUD, à Israël et aux bases américaines de la région. Israël « se confine » pour la première fois, contre de possibles attaques chimiques et les masques apparaissent pour la première fois.

Témoignage pour ceux qui n’ont pas connu cette guerre

Raanana, 17 janvier 1991, l’ultimatum des alliés voté par l’ONU a expiré depuis deux jours déjà et la guerre a débuté le 16 janvier au soir par des bombardements massifs contre l’Irak. Nous n’avons pas dormi dans la nuit du 15 au 16 janvier, attendant la « réplique annoncée par Saddam contre Israël, mais rien n’est venu. C’est la seconde nuit sans sommeil et nous craquons vers 1h00 du matin. Il faut tout de même aller dormir et puis, après cela, « tout est prêt » en cas d’attaque…

Les consignes en Israël

Depuis plusieurs semaines, Israël se prépare à être la cible des fameux missiles SCUD irakiens, qu’ils soient de type conventionnel ou de type arme chimique. C’est justement cette seconde option, jugée la plus dangereuse, qui est privilégiée par la défense passive. C’est pourquoi, on nous a demandé de délaisser les abris classiques, véritables bunker anti bombes, au profit d’une chambre étanche aménagée dans chaque appartement, adaptée à la menace chimique, mais peu appropriée à la défense contre l’explosion des missiles.

La population israélienne a reçu des kits de protection contre les attaques chimiques, qui sont différents en fonction de l’âge : un masque à gaz pour les adultes et adolescents, une combinaison étanche recouvrant le corps de la tête à la taille pour les enfants et un kit bébé, qui recouvre entièrement leur lit.

Bien sûr, dès le début des hostilités entre l’Irak et les alliés, des consignes presque similaires à un confinement actuel ont été données. Seuls les emplois et employés indispensables se déroulaient normalement, pas d’école et seules les sorties indispensables étaient recommandées. Il s’agissait de ne pas se trouver loin de la chambre étanche, et pour ceux qui sortaient… toujours avoir son masque à portée de main !

Comment aménager la chambre étanche ?

La pièce doit être totalement hermétique et lorsqu’elle est fermée, l’air ne doit pas pouvoir y pénétrer, même par le trou de la serrure. Les fenêtres sont donc recouvertes à l’intérieur par du plastique épais fixé par du scotch large qui entoure totalement l’encadrement de la fenêtre.

Pour la porte de la chambre, c’est un peu plus compliqué, car on ne peut que préparer le dispositif d’isolement, qui ne sera définitivement installé qu’une fois que nous aurons pénétré dans la pièce, en cas d’alerte. Alors, il s’agira de dérouler de haut en bas le plastique installé au-dessus de la porte, de placer une serviette de toilette imbibée d’eau chlorée sur le bas de la porte, pour en assurer imperméabilité et de scotcher le tout hermétiquement. Très simple en Théorie, mais on verra que pour la pratique, dans le feu de l’action, beaucoup de choses peuvent se passer différemment.

Le dispositif d’alerte pour la population

Ne pas oublier que nous sommes en 1991 et que les moyens de communication n’ont rien à voir avec ceux de notre époque, trente ans plus tard.

Donc, que faire en cas d’attaque de missiles ?

Le dispositif d’alerte repose sur trois éléments : la sirène d’alerte, la radio et la télévision.

Pour être plus précis avant la première attaque, seuls deux éléments nous sont utiles : la sirène et la radio.

Ainsi, on a expliqué des centaines de fois, que dès le premier son de la sirène, il faut s’enfermer, dans la pièce étanche, tout fermer et s’équiper du masque à gaz. Nous nous sommes entrainés pour cela.. Ensuite, allumer la radio et attendre les consignes. A la fin de l’attaque et de l’alerte, on nous dira quand retirer le masque…

Dernières précisions sur les délais : si tout fonctionne correctement, nous disposons de trente secondes à une minute entre le début de l’alerte (la fameuse sirène) et l’impact du missile. Lorsque l’on entend le « boum », si le missile est tombé dans notre secteur, nous avons 15 secondes pour échapper à un éventuel nuage chimique… Très rassurant !

Alors, je reviens au début du récit, il est une heure du matin et nous allons nous coucher, épuisés par nos deux précédentes nuits sans sommeil. Nous dormons dans notre chambre et nous avons choisi la chambre de notre fille (3 ans) comme pièce étanche, car nous n’aurons pas à la déplacer en cas d’alerte.

Nous nous endormons avec difficulté malgré la fatigue, mais quelques minutes plus tard, nous entendons, comme dans un rêve un bruit lointain de sirène. On se questionne mutuellement : « Tu crois que c’est ça ? C’est bien l’alerte ? ». Il nous faut 5 secondes pour sauter du lit et se précipiter dans la chambre hermétique…comme nous l’avions répété plusieurs fois.

Seulement voilà entre la répétition et la réalité il y a un monde…

A SUIVRE…..