Dans 63 jours, les électeurs retourneront aux urnes pour la quatrième fois en deux ans. Selon tous les sondages publiés depuis l’annonce du scrutin qui se déroulera le 23 mars 2021, aucune majorité nette ne se dessine et il semble bien que le corps électoral israélien soit stable si l’on considère les blocs en présence, même avec la création de nouveaux partis. Mais 63 jours c’est long et des changements peuvent intervenir.
Le dernier sondage publié par la radio 103FM n’apporte aucune évolution notable dans le nombre de sièges obtenus par les différents partis, tous sondages confondus, et par là même, aucun changement si l’on prend en compte les blocs en présence.
Ainsi, le Likoud obtient 30 sièges, Shass 8, Judaïsme de la Torah 6, Smotrich 4. Soit pour le bloc soutenant officiellement Netanyahou : 48 sièges.
Côté inverse, le parti Nouvel Espoir (Gideon Saar) obtient 17 sièges, Yesh Atid 14 sièges, Lieberman 7, Meretz 5, Kahol-Lavan 4 et Les Israéliens (Huldaï) 4, soit pour les anti-Netanyahou : 51 sièges
Enfin, les partis qui n’ont rien dit de leur position lors de la formation d’une coalition, il y a Yemina de Bennett avec 11 sièges et la liste arabe (unifiée) avec 10 sièges. Soit 21 sièges.
Un rappel : lors des dernières élections, le bloc soutenant Netanyahou recueillait 58 sièges, alors que celui soutenant Gantz en obtenait 62 (dont 15 députés de la liste arabe prêt à soutenir un gouvernement de l’extérieur).
Une première analyse générale de la situation permet de dire que les scores sont très serrés et qu’avec la marge d’erreur que l’on accorde généralement aux sondages, tout peut encore changer et tous les scénarios sont possibles.
En matière de blocs, c’est Netanyahou qui a l’avantage, car il peut s’appuyer sur un bloc solide rassemblant 48 sièges, avec des partis ou des députés qui ne l’ont jamais lâché.
Côté opposé, la situation est plus délicate, car il faut d’abord que tous ces petits partis s’unissent et c’est très compliqué, si l’on tient compte des égos, des trahisons, des rancoeurs etc.
Et même si ces deux blocs se constituent, il faudrait ensuite récupérer l’un des deux derniers partis, dont les dirigeants n’ont pas annoncé leurs intentions.
On peut tout de même considérer que si les résultats seraient identiques à ce sondage, que la liste arabe unifiée rejoindrait le camp des anti-Netanyahou, ce qui permettrait d’obtenir une coalition de 61 députés. C’est une majorité acquise de justesse et qui ne peut pas être prévisible à l’avance. Pour en être sûr, il faudrait en fait que Bennett rejoigne également ce bloc et on arriverait à environ 72 sièges.
Et il faut alors bien dire qu’aujourd’hui, si les résultats définitifs sont très proches de ce sondage, que le poste de Premier Ministre dépendra de la position de Bennett.
Donc, bien malin aujourd’hui qui pourra dire ce qu’il se passera.
Par contre, il semble bien qu’une partie de la réponse se trouve parmi les partis qui ne peuvent pas, aujourd’hui, franchir le seuil d’éligibilité et qui verront donc leurs voix perdues à jamais.
Or du côté favorable à Netanyahou, on peut constater qu’il n’y a pour ainsi dire aucune réserve de voix, alors que ceux qui ont le plus à perdre de la présence de listes qui ne passeront pas le seuil d’éligibilité, ce sont les anti-Netanyahou avec, le Parti Travailliste et le parti Telem de Moshé Yaalon, qui risquent de faire perdre 4 mandats à ce camp, sans compter que deux autres partis fleurtent avec ce seuil et pourrait passer en-dessous le jour des élections.
Donc, la conclusion est simple pour les anti-Netanyahou, il leur faut limiter le nombre de listes et réunir ces petits partis par des accords avant les élections, afin de ne pas disperser ces voix. Plus facile à dire qu’à faire….
Quant à Netanyahou, il ne dispose que d’une seule planche de salut : faire monter le Likoud jusqu’à 40 sièges minimum, ce qui le rendrait quasi incontournable.
Mais d’ici aux élections, beaucoup de choses peuvent encore changer…